Cet automne, l’oiseau est au centre d’un confit d’intérêts et donne des ailes à 10 chefs et 14 restaurants parisiens qui vont lui consacrer leur carte pendant deux mois. En tout, 32 recettes qui feront aussi l’objet d’un livre, Canard exquis. En toute bonne foie, cela promet de belles surprises. Avant-goûts.
Le Sud-Ouest, ses canards à foie gras…, tout cela semble tellement gastronomiquement évident que l’on pense en avoir fait le tour. Eh bien, la jeune garde des chefs parisiens, sous la houlette de l’IGP Canard à foie gras du Sud-Ouest, s’est liguée pour tracer un parcours initiatique* et très cosmopolite, qui va étonner les blasés du confit, les repus du magret, les rassasiés du foie gras. Du 24 octobre au 18 décembre, quatorze restaurants de la capitale proposeront, tour à tour, cette danse des canards up-to-date, en mettant à leurs cartes des recettes autour du fameux palmipède, reliftées façon world food.
Canard migrateur
Le bal est ouvert par Philippe Labbé et Frank Xu, au Shang Palace et à La Bauhinia, les restaurants du Shangri-La, où le canard laqué façon pékinoise s’érige en monument, puis notre oiseau s’envole chez Jean-Marc Notelet, chef ch’ti pur jus – et grand manitou des épices – du restaurant Caïus, qui va lui donner un petit parfum des Flandres. Après une pause créole au Chamarré Montmartre et au Moulin de la Galette, où le chef mauricien Antoine Heerah n’hésite pas à le marier à la badiane ou aux agrumes « pour apporter de la fraîcheur et du contraste », c’est un peu un retour au pays avec la cuisine de Julien Duboué (restaurants Afaria et Dans les Landes), maestro des tapas du grand Sud-Ouest, comme le rouleau landais (une salade landaise décomplexée, roulée dans une feuille de riz, que l’on trempe dans une vinaigrette). Escale ibère au Fogón, chez l’Espagnol Alberto Herráiz, qui sert sa terrine de foie gras au jambon ibérique avec une confiture de piquillos et un magret de canard à l’escabèche avec des dattes au citron confit. On quitte l’Espagne pour aller à la rencontre du Basque bondissant Inaki Aizpitarte et de la cuisine inclassable qu’il propose au Chateaubriand et au Dauphin, mixant des saveurs empruntées à l’Afrique du Nord, au Japon, à l’Inde ou à l’Italie, et n’hésitant pas à imaginer un bouillon miso au foie gras.Un détour thaïlandais chez William Ledeuil, qui assaisonne notre oiseau gascon au basilic thaï et au combava ou au jus de betterave-gingembre, et le voyage gourmand s’achève chez Senderens et au Passage, où Alain Senderens et Jérôme Banctel oscillent entre Japon et Afrique du Nord, proposant tempura de foie gras, fruit de la Passion et yuzu kosho, ou pastillas de canard aux épices douces et navet caramélisé. Au total, trente-deux plats seront proposés durant ces huit semaines. Trente-deux recettes que l’on retrouvera dans le livre « Canard exquis » (aux éditions Menu Fretin), signé par un duo de choc: Philippe Boé à la plume et Pierre-Emmanuel Rastoin derrière l’objectif. En plus des recettes, l’ouvrage présente des portraits décalés des chefs photographiés avec le fameux canard Mulard du Sud-Ouest. Julien Duboué faisant le haka face au canard ou William Ledeuil sur une table de massage… landais. (www.foiegrasdusudouest.fr)
Fausses idées et vraies délices
DIÉTÉTIQUEMENT CORRECT
Eh non, le canard, ce n’est pas gras! En Gascogne, on cultive le French paradox, qui n’a rien à envier au régime crétois. Le foie gras renferme une proportion très importante d’acides gras mono-insaturés, lesmêmesque ceux de l’huile d’olive, protecteurs du système cardio-vasculaire. Filet, aiguillette ou magret–àcondition d’enlever le gras –, c’est « seulement » 190 kcal pour 100 g (10 g de lipides et 20 g de protéines). Alors on use et on abuse de ces recettes inspirées…
Les aiguillettes d’Antoine Heerah : juste saisies à la poêle et flambées avec une goutte de rhum, et servies avec une quenelle de purée d’oranges.
Le magret de Jean-Marc Notelet : faire sauter au wok des dés de magret sans la peau avec des cébettes, de l’ail rose écrasé, du sel et du poivre. Déglacer avec du vinaigre de cidre et ajouter quelques croûtons.
SPEED COOKING
Difficile et long à cuisiner, le foie gras ? Pas du tout, on s’en fait tout un plat, mais en fait, c’est un ingrédient facile à vivre. Paroles de chefs…
Les copeaux de foie gras cru de William Ledeuil : rouler un foie gras cru dans un mélange de sel et de poivre du Népal avant de l’envelopper dans du film alimentaire. Placer 1 heure 15 au freezer, puis réaliser de très fins copeaux. Servir avec du radis tranché fin et quelques gouttes de tamarin.
Les nuggets à la crème de mandarine d’Antoine Heerah : paner et frire des sticks de foie gras. Saucer avec de la pulpe de mandarine mixée entière et montée à l’huile d’olive.
Terrine au micro-ondes d’Yves Camdeborde : prendre un foie gras cru d’environ 500 g, saler, poivrer. L’envelopper dans du film alimentaire, faire 4 à 5 tours. Le cuire 2 minutes 30 au micro-ondes, à 700 W. Puis le plonger dans un saladier rempli de glaçons pour qu’il refroidisse.
L’IGP, qu’est-ce que c’est ?
Obtenue en juin 2000, l’Indication géographique protégée (IGP) garantit au consommateur l’authenticité du lien entre le produit (canard à foie gras), son territoire d’origine (le Sud-Ouest) et un savoir-faire traditionnel. L’IGP Canard à foie gras du Sud-Ouest représente 60% de la production nationale.
Deux recettes de Chefs
http://madame.lefigaro.fr/recettes/bouillon-de-canard-foie-gras-combava-basilic-thai-151011-183452
http://madame.lefigaro.fr/recettes/pot-feu-de-cuisses-de-canard-genievre-de-houlle-chicoree-151011-183449
Font: Madame Figaro / Photos: Pierre-Emmanuel Rastoin